nom; Theodora Atkins. surnom; Theo. âge; 28 ans. date et lieu de naissance; Née à Liverpool en 1985, sa famille a déménagé à Londres alors qu’elle était encore très petite ; elle considère qu’elle a toujours vécu là-bas. race; Mutante. particularité; Clairvoyance; capacité à voir l'avenir en rêve, au milieu des éléments inconscients non prémonitoires. situation; Hétérosexuelle, bien qu’il lui soit arrivé d’avoir quelques femmes pour clientes sans que cela ne la dérange. Elle se considèrerait presque en couple avec James Brook si elle n’était pas tout à fait consciente du fait qu’elle n’est, pour lui, qu’une distraction – agréable, certes, mais distraction quand même. profession; Escort-girl de luxe. croyances; Elle ne croit pas en Dieu, ou bien si c’est le cas, elle lui en veut mortellement et ne l’aime plus depuis bien longtemps. Elle considère qu’une telle entité soit disant omnipotente et infiniment bonne n’aurait certainement pas laissé naître toutes ces rivalités et toute cette haine entre êtres surnaturels et humains. Force lui a été de constater qu’anges, démons et mutants existent, et elle tient à rester le plus loin possible des conflits qui les opposent. utopie; Dans son monde idéal, Theo arriverait à prouver à l’homme qu’elle aime qu’elle peut lui être utile, qu’elle a sa place pas trop loin de lui et qu’elle peut le servir sans faillir ; elle aimerait aussi pouvoir se débarrasser de son don, qu’elle déteste au plus haut point car elle ne l’a jamais demandé, et elle craint qu’à terme, cela ne lui apporte que des problèmes. groupe; Borderless.

que pensez-vous du conflit silencieux entre mortels et surnaturels, des mutants revendiquant des droits et des humains enclins à leur refuser ?
Theodora redoute ce conflit latent entre humains et êtres dotés de natures ou de dons incroyables, car elle craint qu’il ne prenne de plus en plus d’ampleur et finisse par toucher la population toute entière. Elle-même se sait mutante, mais ce pouvoir, elle le rejette, le déteste et s’en débarrasserait bien à la première occasion si on lui en donnait le choix. Elle veut juste rester loin des problèmes, garder sa liberté, continuer de vivre de sa profession que tant de gens jugent généralement déshonorante et dégradante, et continuer à être utile à James aussi longtemps qu’il la jugera comme telle. Elle ne prendra aucunement part à cette guerre qui, il faut bien l’avouer, l’inquiète vraiment, bien qu’elle ne le montrera jamais.

pour quelle raison avez-vous choisi d'appartenir à "BORDERLESS" ? si vous êtes neutre, pourquoi ?
La paix, la tranquillité, et le droit de faire ce qu’elle veut quand elle le veut : voilà pourquoi Theo a choisi la neutralité la plus totale. Elle reste loin des camps actuellement en faction pour ne pas s’attirer d’ennuis, ennuis qu’elle évite avec grand soin et, il faut le dire, une certaine maestria. Les seuls peines qu’elle veut bien subir sans broncher sont celles que lui impose James – cela dit, il pourrait lui demander n’importe quoi qu’elle obéirait sans ciller, et les dieux seuls savent ce qu’il a pu lui faire faire.

avez-vous déjà fait preuve de violence envers un surnaturel ou un humain sans pouvoir ? dans quel contexte ?
S’il y a bien une personne au monde qui évite de faire preuve de violence, que ce soit envers les humains ou les autres, c’est Theo – non pas pour un quelconque idéal ou une question de morale, mais parce qu’elle n’a tout simplement pas envie de s’attirer plus de problèmes qu’elle n’en a déjà. Indépendante et capable de se débrouiller seule, elle ne va certainement pas ruiner sa liberté parce qu’elle aura été impliquée dans une rixe ou qu’elle aura provoqué la mauvaise personne. En revanche, personne n’échappe à son cynisme – humains, anges, démons, mutants : si elle juge que l’importun ne mérite que d’être remis à sa place, sa légendaire répartie cinglante ne manquera pas de pointer le bout de son nez.

que savez-vous sur la boîte de pandore ? la recherchez-vous ? pourquoi ?
Elle ne connaît de la boîte de Pandore que ce qu’elle en a lu lorsqu’elle était bien plus jeune, quand elle fouillait de ça de là dans les livres de la bibliothèque près de chez elle et qu’elle était tombée, purement par hasard, sur un recueil de légendes diverses et variées. Elle ne s’y est plus intéressée depuis, et les quelques fois où elle en entend parler désormais, c’est via le biais de clients ou de conversations entendues à la va-vite au détour d’une rue ou au coin d’un café. Encore une fois, pour rester loin des problèmes, elle restera loin de cette boîte et tout ce qu’elle peut représenter comme source d’embarras.

Dans la douce moiteur de cette nuit d’été, à l’heure où ne sont plus debout que les fêtards et les insomniaques, Theodora se réveille brusquement. Ses beaux yeux d’un bleu à nul autre pareil s’ouvrent grand et fixe le plafond molletonné au-dessus d’elle. Des images indistinctes semblent danser devant ses pupilles ; ce sont les restes des rêves qu’elle vient de faire, rêves tumultueux, violents, à la limite des cauchemars. Des rêves où se sont glissés des scènes, des dialogues et des visages beaucoup trop nets au beau milieu de ses songes chahutés.
Allongée sur le dos, ses longs cheveux bruns s’étalent tout autour de sa tête en un rideau sombre, et la soudaine fraîcheur sur sa peau lui apprend qu’elle s’est débarrassée de ses draps durant son sommeil. Il lui faut encore quelques secondes pour comprendre ce qu’elle vient de voir et se rappeler où elle est.
Déglutissant en silence, elle tend l’oreille. Les bruits de la ville lui parviennent, étouffés par l’épaisseur des murs et des tentures cachant les fenêtres.
Une respiration calme et régulière se fait entendre à sa gauche. Tournant la tête, son regard de saphir tombe sur un visage qu’elle connait bien. Qu’elle connait très bien, même. Son cœur se retrouve malmené par un mélange d’émotions fortes, la curieuse alchimie d’une peur toute justifiée et d’un amour sans limite, si fort qu’il lui fait physiquement mal. La jeune femme se sent stupide, ainsi tiraillée entre sa raison qui lui hurle de fuir loin de cet homme si incroyablement intelligent et dangereux, et cette passion dévorante, cette dépendance développée avec le temps et dont elle ne peut se défaire.
Theo le regarde dormir, bêtement, et plus elle le regarde, plus les douleurs dans son corps se réveillent. Les écorchures toute fraîches à ses poignets pulsent au rythme du sang envoyé dans ses veines. Elle ne s’en préoccupe pas plus que cela, habituée depuis des années maintenant à ce genre de traitement.
Dans un silence absolu, elle glisse au bas du lit et, sans un bruit, s’éclipse hors de la chambre avant de se diriger vers la cuisine. Elle fait un rapide détour pour récupérer une robe de chambre légère ainsi que quelques affaires, et la voilà dans la pénombre d’une nouvelle pièce, cherchant dans les placards de quoi se faire un thé.
Pendant que l’eau chauffe, la jeune femme va se poser sur le rebord de la fenêtre. A travers les stores entrouverts, elle observe les rues vides ou presque, détaillant les immeubles, les lampadaires quelques étages plus bas, les trottoirs et l’asphalte de la route ... Elle s’occupe comme elle le peut, mais bien vite, elle ne peut plus faire autrement que de soupirer et de secouer doucement la tête.

Une fois encore, c’était arrivé. Elle avait eu une vision dans son sommeil.

Les images se rappellent à son bon souvenir tandis qu’elle visionne une fois encore ce très net fragment du futur venu la visiter sans qu’elle ne demande rien. A dire vrai, elle se serait bien passé de ce « don » encombrant. Elle avait beau savoir que d’autres avaient à subir bien pire et disposaient de capacités autrement plus impressionnantes que la sienne, cette singularité lui semblait l’un des pires fardeaux que quiconque ait eu à supporter. Depuis le début, il ne lui avait rien apporté de bon.
La jeune femme se rappelle très clairement de la première fois où son pouvoir s’était manifesté. Elle était encore toute petite, cinq ans à peine. Cela en faisait plus de quatre que sa famille avait déménagé en banlieue londonienne, louant une petite maison toute simple avec jardin ; jardin au milieu duquel trônait un vieil arbre qui avait vu défiler les ans sans que rien ne semble l’ébranler.
Une nuit, la petite demoiselle Atkins l’avait clairement vu se briser en deux et tomber net, frappé par la foudre, tuant dans sa chute un infortuné voisin ayant eu le malheur de vouloir sortir au mauvais moment.
Elle en avait parlé à sa mère le lendemain matin, effrayée par ce « cauchemar », ce à quoi sa génitrice avait répondu qu’il ne s’agissait que d’un rêve et qu’elle ne devait pas prêter attention à ce genre de choses idiotes. Deux jours plus tard, une tempête s’abattait sur le pays, et l’arbre tomba. Comme Theo l’avait vu. Et lorsqu’on vint l’ôter de la chaussée le lendemain, on trouva sous le tronc le corps meurtri et sanglant du voisin d’en face. Comme Theo l’avait vu.
Ses parents ne croyaient pas aux coïncidences – foutaises et affabulations d’esprits malades, pensaient-ils. Aussi tâchèrent-ils d’oublier l’incident et de ne plus en parler, quitte à faire taire les questions de leur fille à coups de claques bien senties. Mais d’années en années, ils durent se rendre à l’évidence : à chaque fois que leur descendance venait leur raconter ses rêves, ils se produisaient inévitablement dans la semaine. Plus le temps passait, plus le semblant d’affection qu’ils lui portaient s’étiolait. Si Theodora finit par ne plus rien dire à ses parents, les critiques et remarques ne cessèrent pas pour autant. Son frère cadet, de six ans plus jeune qu’elle, ne manqua pas de suivre le même chemin et s’en donna à cœur joie, se défoulant sur sa sœur avec la bénédiction de monsieur et madame Atkins, trop heureux d’avoir au moins un enfant « normal » dans le lot.
Dès qu’elle l’avait pu, Theo s’était envolée. Elle ne se souvenait plus vraiment de la suite d’évènements qui l’avait conduite à devenir escort-girl indépendante – ou plutôt, il s’agissait d’une part de sa vie qui, au même titre que son enfance, était reléguée dans un coin de sa mémoire à prendre la poussière.

La jeune femme dans sa robe de chambre soupire un peu et regarde les nuages de pluie s’amonceler à l’horizon. La foudre frappera la centrale électrique en périphérie de la ville et provoquera une panne de courant phénoménale. Voilà ce qu’elle avait vu en rêve.
Fouillant dans l’une de ses poches, elle en sort sa blague de tabac haché très fin dont elle bourre l’extrémité de sa pipe en jade de style asiatique. Elle l’allume et en tire quelques bouffées, s’amusant à former d’étonnantes figures avec la fumée blanche.
Lorsque l’eau a fini de bouillir, elle éteint son fumeur et va enfin se faire son thé – un réconfort bienvenu après un réveil pareil. Soufflant sur la surface du liquide encore bouillant, elle le sirote tranquillement, appuyée contre le mur. Doucement, très doucement, Theodora commence à se détendre.
Et c’est au moment où elle atteint enfin une sérénité toute relative que son téléphone se met à vibrer. Elle fronce les sourcils, contrariée et intriguée. Qui pourrait bien lui envoyer un message à une heure aussi tardive ? Sans doute un client, pense-t-elle. Elle se fera un plaisir de dire à l’importun qu’elle n’est pas de ces escorts disponibles à toute heure du jour ou de la nuit. Ses tarifs n’incluent pas ce service-là.
Saisissant son portable, elle regarde les mots qui s’affichent sur son écran.

« Alors darling, on se réfugie dans la cuisine ? »

La demoiselle se fige. Les phalanges de sa main blanchissent tant son poing se serre sur sa tasse. Prudemment, elle finit par risquer un coup d’œil par-dessus son épaule. Elle était pourtant sûre d’avoir tout fermé. Mais les portes sont grandes ouvertes, et dans la noirceur de la chambre à coucher, il lui semble distinguer le regard carnassier de l’homme qui s’y trouve. Un regard de prédateur, de rapace, et Theo est la seule proie qu’il a sous la main à ce moment-là.
Déglutissant rapidement, l’escort-girl repose ses affaires sur le plan de travail et se dirige vers la pièce où elle est attendue.
Elle avait fait une erreur, elle le savait bien. Et rien, ni sa fierté, ni son cynisme, ni son obédience ne l’empêcherait d’échapper à ce que lui ferait James Brook en guise de punition – et de divertissement. Intérieurement, elle se traite d’imbécile. Et c’est avec la peur au ventre et le cœur battant d’anticipation qu’elle referme derrière elle.

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