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| EPHRAËLLE † i don't care if heaven won't take me back | |
| Auteur | Message |
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MESSAGES : 6 DATE D'INSCRIPTION : 02/07/2013 LOCALISATION : ⊹ le nez dans un livre. EMPLOI : ⊹ professeur d'histoire, religions et civilisations. CAMP : ⊹ celui d'ephraïm.
| Sujet: EPHRAËLLE † i don't care if heaven won't take me back Mar 16 Juil - 18:30 | |
| i'll throw away my faith, babe, just to keep you safe. don't you know you're everything i have ? La lueur implacable des étoiles lactescentes jetait sur l'herbe du parc des étincelles cristallines. Dans le ciel, les constellations étincelaient sournoisement, comme en prévision de cette longue soirée qu'elle passerait sans doute ainsi. La silhouette élancée d'Ephraïm se découpait dans la pénombre, dans un parfait jeu d'ombre et lumière, dansant entre le clair et l'obscur. Au-dessus de son regard papillonnant, au-dessus de ses paupières lourdes et de sa respiration saccadée, la Grande Ourse agressait les œillades, incrustait l'écrin céleste de dorures précieuses, jouxtait l'astre.
Gwenaëlle laissait reposer sa joue pâle sur l'herbe fraiche du parc, les yeux tournés, les mains sur le ventre. La clarté de la lune tailladait les aspérités du visage observé, couturait le faciès, coulait lentement sur les linéaments, cascadait sur chaque trait, marquait la coruscation fulgurante de l’œil qui bougeait avec les lèvres. Les cils ouverts mimaient les fibres d'obscurité. Le front semblait légèrement bombé, et chutait en courbe douce vers l'arête délicate d'un nez dessiné par l'éclat morne de la pénombre. Il était fin, bien dessiné, très droit, et sa ligne évanescente se brisait soudain. Les lèvres étaient entrouvertes, et dansaient avec le rythme de son souffle saccadé, et souriaient de temps à autre, croyant sans doute être seul, en creusant des creux de lumière qu'enfantaient des fossettes. La lèvre inférieure était pleine et mouvante, elle s'étirait avec la fulgurance d'un météore, mettant en valeur la vigueur d'un menton volontaire, un peu creusé. La ligne de la mâchoire se noyait dans la nuit, mais celle de la gorge plongeait avec témérité sur deux muscles raides et véliques, sur une pomme d'Adam dansante et saillante, et les os à peine soulignés d'une tranchée que sans doute Gwenaëlle elle-même dessinerait de mémoire. Courbure souple et élancée de cette gorge, gorge de soleil. Les cheveux un peu trop longs, sauvages, ombre de l'être lumineux se mêlaient à la pénombre sans s'en différencier, noir sur le noir, onyx sur la peau de lin, sur les tempes de marbre, sur la nuque dissimulée. Il tournait parfois son cou pivotant vers un endroit ou un autre, inspectant du regard le gazon du parc et jetait parfois un souffle languide, puis il repartait dans sa démarche paisible, en quête d'elle-ne-savait-quoi. Il passa à seulement quelques mètres d'elle mais ne la vit pas car, comme d'habitude, elle n'avait jamais autant exceller dans d'autre art que celui de la dissimulation. Gwenaëlle fit lentement basculer son visage neutre et accrocha du regard les étoiles immobiles qui endormaient sa rétine. Elle étrangla un soupir las.
Deux mètres, tout au plus, les séparaient. Elle ne savait pas pourquoi, de tout le parc de l'institut, elle avait atterrit près de sa ligne de course ; près de lui. Couchée dans le noir, elle avait un poste d'observation de choix du corps mouvant d'Ephraïm Newton ; c'était pourtant une situation qu'elle esquivait toujours avec brio, ou du moins le feignait pour ne pas qu'on décèle aussitôt les sentiments virulents qui croissaient de jour en jour. Jusqu'à ce que le hasard ne se retourne contre elle et ne lui mette le directeur de l'institut en travers de son chemin. Parfois, elle se demandait même si l'homme ne se contentait pas de joliment feinter, à chaque fois, pour tomber sur elle en dépit de tous les efforts qu'elle mettait en œuvre pour ne pas avoir à croiser son regard d'azur et d'acier, la faisant immanquablement fondre intérieurement bien qu'elle s'évertuait à afficher une sérénité d'apparat. Elle voyait parfois l'éclat d'une étoile effleurer sa crinière de nuit et l'éclairer, lui et sa moue songeuse, son regard pétillant d'une mythologie inconnue et de rêverie nébuleuse. Un instant, elle songea à l'ignorer ostensiblement, la mâchoire crispée et les lèvres pincées, et fermer les paupières pour s'astreignir à l'immobilisme. Mais l'occasion était trop belle. Pour une fois, elle pouvait bien se permettre de venir vers lui, rapprochant son cœur encore hésitant du sien, à moitié étranger.
Le silence ambiant donnait à la scène des allures romantiques ; soudain, il y eut comme un éclair dans le ciel. La première étoile filante de la soirée. De sa vie en tant que mortelle. Il faisait étrangement bon, ce soir-là, il n'y avait qu'un simple souffle d'air frais qui faisait courber l'herbe émeraude selon ses envies et siffler en cœur les feuillages des arbres parsemés ici et là dans l'étendue du parc. Tableau idyllique pour une rencontre fortuite. Il redressa son dos un tantinet courbé, ses épaules à moitié affaissées lorsque son regard avait accroché le sien.
Elle était seule en face de lui, dans le parc, et se tenait là, immobile, portant une robe qu'elle n'avait jamais enfilé pour s'être laissée aller pour la première fois à une virée en ville afin de se constituer une garde robe. Le corsage du vêtement était blanc et cotonneux. Ses manches, en simple ornement, se rattachaient au corsage et ne couvraient pas ses épaules, retombant seulement sur le haut de ses bras en bouffant, lourdes et rondes. La jupe, unie, lourde, était blanche également. Blanche angélique. Blanche, blanche de velours, blanche pureté. Elle couvrait ses jambes étendues dans l'herbe, et la faisait ressembler à un cygne, avec son cou gracile penché vers l'arrière et les ovales céladons de ses yeux rêveurs et lointains. Elle avait eu une hésitation avant de se reconnaître, dans la psychée ; elle ne se connaissait pas ainsi, femme, qui s'armait autant de calme que de bijoux, portait avec autant de dextérité les masques de professeur douce mais sérieuse que les robes féminines. Elle avait l'air d'une apparition, lointaine, blanche, dégageant une aura de pureté telle qu'elle-même avait eu des doutes à propos de sa déchéance. Elle se sentait comme une hybride étrange mais captivante, entre la femme et l'ange. Elle avait des ballerines blanches aux pieds, les déchaussait par intermittence avant de laisser trainer ses talons dans l'herbe fraiche, dans un état second. Entre ses doigts, elle tournait et inspectait le pendentif ovale et sculpté qui vacillait entre ses seins, et le regardait lentement, comme pour languissante. Elle l'ouvrait d'une pression du pouce mais, au creux du bijou, rien n'avait encore été incurvé d'une écriture ouvragée. Encore vierge, comme sa vie en tant qu'humaine.
Soudain, il sembla finalement l'apercevoir. Comme brutalement éjecté de son petit monde dans lequel il évoluait, des milliers fragments de verre qui volaient en éclats et perforaient le palpitant de Gwenaëlle, brutalement, avec force. Mais ce n'était rien ; rien, comparé au regard qu'elle crut sentir sur sa silhouette encore languide, paisiblement allongée sur l'herbe d'émeraude autant que ses prunelles azures détaillaient curieusement le ciel, tandis qu'elle songeait avec un certain sentiment d'être impromptue et inopinée lorsqu'elle formula la pensée qu'elle venait elle-même de là-haut. La désagréable sensation de ne pas être à sa place car elle ne venait pas de ce monde-ci mais avait été bannie du sien. Et pourtant, la rédemption était toute proche, il ne lui suffirait que de tendre les doigts pour s'en saisir, et retrouver ses précieuses ailes pour renoncer à cette douleur lancinante qui la prenait parfois, dans son dos jusqu'à la chute de ses reins. Infâmes cicatrices invisibles mais loin d'être inexistantes pour autant ; elle avait souvent l'impression de souffrir le martyr, et pourtant, mis à part cette souffrance chronique comme la nostalgie de ne plus pouvoir battre des ailes, elle ne regrettait en rien cette précédente existence. Définitivement rien. Encore moins maintenant qu'elle avait rencontré Ephraïm. Qu'elle lui était littéralement tombée dessus. Elle jura le voir déglutir. S'immobiliser. Ils finirent par s'observer, tels deux chiens de faïences, de leurs yeux faussement calmes. Elle sourit. Un sourire tendre mais fragile et un brin distant. Elle sourit en guise d'invitation à venir auprès d'elle, comme en ultime bouclier érigé entre elle et ses sentiments fulgurants qui transperçaient son palpitant avec vivacité. Parce que tout ceci lui promettait une nouvelle décadence. Bien plus violente que la précédente. n'oublie pas de mettre le nombre de mots à la fin ! (merguez en carton va) 1312 mots, 50 points + 10 points ouverture de sujet. |
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MESSAGES : 284 DATE D'INSCRIPTION : 15/08/2012 LOCALISATION : institut newton pour mutants et êtres surnaturels. EMPLOI : directeur de l'institut. CAMP : celui de l'harmonie.
| Sujet: Re: EPHRAËLLE † i don't care if heaven won't take me back Jeu 18 Juil - 11:08 | |
| look for the girl with the broken smile, ask her if she wants to stay a while ▽ La nuit était belle, claire et calme. L'Institut était plongé dans un silence total, seulement éclaté par quelque rires venant des chambres ou les ronflements les plus appuyés des autres. Ephraïm était à son bureau, pianotant sans cesse sans lever le regard de son écran, ses lunettes sur le bout du nez luisant de sueur. L'endroit était surchauffé, fenêtres fermées et radiateurs à fond, lui portant sa sempiternelle chemise et sa veste étalée sur sa chaise. Il ne s'arrêtait pas, répondant aux e-mails, aux questions, parcourant le net en large et en travers pour retrouver des traces. De qui ? De quoi ? Des mutants, des anges, des démons, quiconque aurait besoin d'aide, serait en danger. Mais, idéalement, il recherchait la boîte de Pandore. Quelques anges lui en avaient parlé, les plus hauts gradés – car il y avait hiérarchie céleste, tel qu'il l'avait compris à son grand désarroi. Une hiérarchie céleste, sous le joug d'Adam et Eve. Et, au milieu de ce simulacre de société, Pandore et sa boîte, qui étaient tombées toute deux sur la surface de la Terre. C'était le mystère de la vie d'Ephraïm. Déjà, Pandore. Un ange gardien, plus gardien que ange, au nom ne finissant pas par -el, au caractère atypiquement égoïste et curieux, ne rentrant pas dans les cadres. Et puis cette boîte, incompréhensible, refermant on ne savait quoi. Il finit par retirer ses lunettes de rage, après d'énièmes heures à se casser la tête sur le problème, les envoyant valser sur son bureau et fermant son ordinateur d'un clap sauvage. Il posa doucement ses coudes sur la tables puis s'enfonça les paumes contre les yeux, jusqu'à apercevoir sur ses paupières closes, une myriade de couleurs psychédéliques. Finalement, ayant mal à la tête, il se redressa en mettant sa veste sur ses épaules, rangeant ses lunettes dans sa poche intérieure. La nuit était belle, claire, songea-t-il à nouveau, appuyant le front contre la vitre de la fenêtre, laissant ses yeux gris-bleu vagabonder sur les terrains qui lui appartenaient. Aucun pensionnaire à la raison – le seigneur l'en garde –, tout semblait calme et paisible. Presque trop. Parfois, il se demandait si Connor projetait de l'attaquer, pendant que le manoir était endormi. Son frère n'avait strictement aucune raison de le faire... mais Ephraïm avait abandonné depuis longtemps l'envie de comprendre son aîné. Il pensait que Connor croyait que le monde entier était contre lui. S'ils n'étaient pas amis alors, par défaut, ils étaient ennemis – et voilà pourquoi Ephraïm s'inquiétait pour ses protégés, bien plus qu'il ne s'inquiétait du groupe Among Us ou de la presse diffamante. Il connaissait Connor et toute peur à son égard était légitime. Il sortit lentement du bureau, le verrouillant derrière lui en silence avant de descendre à pas de loup les escaliers du manoir, se rendant au rez-de-chaussée. Il salua quelques pensionnaires qui traînaient silencieusement devant l'énorme télévision du salon – leur intimant, paternel et protecteur, de ne pas veiller trop tard –, échangea quelques mots avec les courageux professeurs qui vérifiaient que personne ne faisait de bruit et finit par sortir, ses mocassins crissant sur l'herbe humide. Les étoiles se devinaient, points blancs sur champ d'ébène. Elles brillaient, comme autant d'anges attendant de tomber, comme autant d'anges avec leurs boîtes et leurs ailes et leurs perfections. Il songea à ceux qu'il connaissait, déchus, plein de défauts et de passions, perdus dans leurs péchés humains. Il pensa surtout à Gwenaëlle, sa petite Gwen. La sienne, car c'était lui qui l'avait trouvée ; et petite, car elle était fragile, comme une poupée de porcelaine qu'un rien ne casse. Elle était belle, cheveux d'ébène sur peau diaphane, yeux mi-bondi, mi-absinthe – mélange qui rendaient Ephraïm fou –, petit sourire timide et doigts qui se martyrisent de gêne. Pas bien plus petite, mais bien plus frêle, elle vous donnait envie de la prendre dans vos bras jusqu'à l'éternité et plus encore. Il marchait lentement sur l'herbe humide, les yeux rivés vers le ciel et les poings enfoncés dans les poches, ses pensées s'évadant vers un Eden qu'il ne verrait jamais. Il se surprenait parfois à penser au Là-Haut, à l'En-Bas. Qui était-il, face à des anges et des démons ? Qui était-il quand Lilith pouvait influencer leurs émotions et Adam et Eve les forcer à devenir meilleurs ? Qui était-il, là où son frère pouvait s'adapter à tout, de manière unique – et lui, de manière presque bateau, pouvait actionner et faire voler des objets ? Qui était-il – il n'était rien. La moue triste, il laissa ses pieds le diriger vers l'inconnu, ses yeux clairs s'accrochant parfois sur les bouts en cuir, parfois sur le ciel troué d'étoiles, y cherchant une qui tomberait quelque part. Et ça advint, là, juste là. Une étoile filante, qui transperça sa vision comme une flèche. Un ange qui tombait, très probablement, quelque part. Alors qu'il baissait à nouveau les yeux sur ses chaussures, une brise venait enfin lui ébouriffer les cheveux, il trouva une silhouette et une paire d'yeux, perdue dans l'immensité des jardins de l'Institut. Malgré le fait que la silhouette soit à peine redressée, passant d'allongée à assise en une fraction de seconde, malgré le fait qu'il fasse sombre et qu'elle se trouve tout de même à une poignée de mètres, il la reconnut comme en plein jour, comme s'ils se tenaient l'un face à l'autre. Aussitôt, un sourire déchira son visage, écartelant ses lèvres et plissant légèrement ses yeux, dans une mimique adorable et spontané. Son rythme de marche doubla jusqu'à ce qu'il se porte à sa hauteur, ravi. Il n'y avait pour lui, rien de plus relaxant et sympathique que de parler à Gwenaëlle : elle ne manquait jamais de le faire sourire. Il la darda un instant, toujours debout lorsqu'elle restait assise – puis finit par se laisser tomber à côté d'elle, s'allongeant les mains derrière la tête après avoir retiré sa veste avec son sourire adorablement idiot sur les lèvres. Il aimait ne pas avoir à revêtir un masque sévère et sérieux avec elle, ce masque de directeur qui lui seyait mieux en présence d'élèves ou de gens à convaincre. Gwenaëlle... avec elle, il pouvait être Ephraïm. Ni plus, ni moins. « Désolé de briser ton moment. J'avais besoin d'air frais moi aussi. » Il tourna lentement le visage vers elle. Ses yeux caressèrent avec délice ses omoplates sous sa robe blanche, qu'on devinait malgré ses cheveux épais et soyeux y retombant avec volupté et beauté. « Je ne te dérange pas, j'espère. » Il avait envie de redessiner ce dos du bout des doigts, pensa-t-il soudainement, avec une tendresse qui ne lui ressemblait guère – mais il effaça bien vite cette pensée de son esprit. Non. Pour son Ascension, il ne devait pas. « Je peux m'en aller, sinon. Ne te gêne pas pour me le demander. »1141 mots.; 50 points |
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MESSAGES : 6 DATE D'INSCRIPTION : 02/07/2013 LOCALISATION : ⊹ le nez dans un livre. EMPLOI : ⊹ professeur d'histoire, religions et civilisations. CAMP : ⊹ celui d'ephraïm.
| Sujet: Re: EPHRAËLLE † i don't care if heaven won't take me back Lun 22 Juil - 15:12 | |
| Il s'approchait à grandes enjambées, empressé et enjoué, ravi même ; il resta une seconde, là, à la vriller de son regard de toute sa hauteur, puis se laissa glisser sur le sol à côté d'elle, les mains nouées derrière sa nuque. Gwenaëlle n'en éprouva qu'une seule envie : celle de venir se nicher tout contre lui, se serrer contre son flanc et poser son oreille sur son palpitant frémissant. Elle avait besoin de proximité autant qu'elle se l'empêchait, et se morigénait aussitôt mentalement de se montrer aussi stupide, tentant vainement de faire taire ce brasier de sentiments qui l'agitaient lorsqu'il se tenait aussi près, mais pas encore suffisamment pour apaiser cette brûlure constante. Elle était piégée dans les flammes de son amour, incendie éternellement ravivé par le doux regard d'Ephraïm comme son adorable sourire qu'il ne lui accordait qu'à elle ; et pourtant, elle n'éprouvait pas encore le besoin de s'en protéger, encore moins s'en éloigner. Il existait déjà, à défaut d'une véritable distance, une certaine réserve entre eux, rythmée par deux raisons différentes et, même s'ils ne sauraient avoir tort, cela la déchirait lentement, douleur muette et lancinante qu'il serait le seul à pouvoir apaiser. Un seul regard, un seul mot de sa part, et elle saurait trouver sa salvation. Elle détourna soudain la tête, ne lui offrant plus que son dos et leva les yeux vers le ciel où les étoiles semées en diamant sur le velours du ciel venaient les éclairer avec délicatesse. Elle sentait ses yeux posés sur elle, et ses doigts tremblaient, accrochés autour d'un brin d'herbe subissant l'assaut nerveux de la brune. Elle ne devrait pas être affectée par cette simple paire d'yeux qu'elle savait sur elle. Ne pas être frissonnante, de beaux sentiments et d'émotion, et penser encore, encore, dans un tourbillon d'images malsaines, aux yeux tendres et bleus qui la détallaient. Il n'avait pas le droit de la toucher, de toucher ses sentiments. Pas le droit de la pousser, dans son équilibre encore tangible, vers une nouvelle chute. Pas le droit de s'insinuer jusqu'à son esprit pour devenir une obsession charnelle. Et pourtant, même avec toute la volonté du monde, elle n'aurait pas pu lui en vouloir. Elle se redressa, fébrile, repoussa ses cheveux avec une sérénité factice, et les lourdes vagues de sa crinière bruissèrent à ses oreilles.
Ses pieds foulaient l'herbe à la manière d'un être mirifique, silencieux, feutrés, délicats. Sa robe immaculée dont elle n'avait pu se résoudre à ôter, de peur de dormir, de rêver une nouvelle fois des prunelles azures, du sourire lumineux, des cheveux en bataille... ses lèvres... les épaules, oui, ses épaules qu'elle rêvait d'effleurer d'une main possessivement amoureuse, sa peau, sa peau, Dieu, sa douce peau brûlante, ses lèvres qui s'incurvaient d'une petite moue adorable, l'ombre de ses joues sous ses cils clairs, ses lèvres sur les siennes, sa main sur elle, son corps près du sien... Qu'il cesse de hanter ses rêves, ses nuits, ses journées pour lui arracher des mots d'amour qu'elle retenait sur le bord de ses lèvres juste à temps. Dans sa flamme, elle se sentait devenir femme, l'aimer ainsi, avec passion ; plus les jours passaient, moins l'innocence ne se faisait pressante ; elle l'aimait, dans tous les sens du terme, sous tous les abords. Avec tendresse et candeur, à la manière d'un premier amour. Avec dévotion et piété, comme elle avait parfois tendance à être prête à tout pour lui, préparée à le suivre, quoiqu'il advienne. Avec passion et ardeur, par la faute de ses sentiments constamment refoulés qui revenaient aussitôt au galop, toujours plus intenses. Elle retomba en arrière, les yeux encore accrochés sur le ciel – bien que le spectre des yeux d'Ephraïm s'était déjà imprimé sur sa rétine –, le corps lascif sur le sol d'émeraude, les lèvres crispées, et ses mains malmenant encore et encore quelques brins d'herbe. « Désolé de briser ton moment, j'avais besoin d'air frais moi aussi. » Elle eut un léger sourire tandis qu'elle le couvait du regard, avec une adoration tacite, qu'elle espérait néanmoins discrète. Et le désir virulent, à nouveau, de venir se blottir tout contre lui au moment même où la brise vint mordre sa peau dans un léger frisson qui lui courut le long de sa nuque puis de son dos. « Tu travailles trop. », acquiesça-t-elle d'un léger hochement de tête dans un souffle. Véritable bourreau de travail, il lui arrivait de passer ses journées dans son bureau, à taper frénétiquement sur son ordinateur ou à s'occuper de toute la paperasse administrative. Souvent, elle passait devant la porte entrouverte – sans doute parce qu'il s'arguait toujours disponible pour ses étudiants ou collègues –, y toquait brièvement avant d'entrer, n'attendant même plus son invitation ; elle venait ainsi s'enquérir de son avancement, lui proposant de l'aider d'une quelconque manière que ce soit, ce qu'il refusait toujours poliment dans un sourire, la remerciant néanmoins et lui proposant plutôt d'aller prendre l'air, même en dehors de l'Institut, lui parlant d'endroits à absolument visiter. Et bien sûr, il ne comprenait pas qu'elle préférait largement rester à ses côtés, même cloitrée dans son bureau, plutôt qu'une journée à flâner en arpentant les rues. Elle aurait voulu qu'il passe moins de temps penché sur ses devoirs de directeur, pouvoir glaner un peu plus de temps bien qu'elle sut qu'elle était déjà assez privilégiée et qu'en tant que sa protégée – du moins était-ce ainsi que tout le monde la considérait –, elle recevait déjà bien plus de son attention que le commun des mortels.
« Je ne te dérange pas, j'espère. » Et elle, d'aussitôt le darder d'un regard quasiment effaré. Comme si lui, Ephraïm Newton, l'homme qu'elle aimait aussi désespérément que secrètement, l'homme qui l'avait généreusement recueillie, celui à qui elle devait cette existence paisible de mortelle, comme s'il pouvait la déranger. Improbable. Impossible. Cela relevait de la science-fiction tant cela lui paraissait impromptu. Bien au contraire, c'était toujours avec le sourire aux lèvres et l'allégresse au cœur qu'elle l'accueillait à bras ouverts, comme elle dut taire à chaque fois ses sentiments lorsqu'elle venait à finalement poser les yeux sur lui. « Je peux m'en aller, sinon. Ne te gêne pas pour me le demander. » Et Gwenaëlle, aussitôt, vive comme l'éclair, de refermer ses doigts à l'ossature délicate sur l'épaule d'Ephraïm, comme prise par un vent de panique à l'idée qu'il s'en aille. C'était une crainte constante, qu'il lui échappe, lui file entre les doigts avant même qu'elle n'ait eu le temps de vraiment l'avoir auprès d'elle, ne serait-ce qu'un instant. Elle lui accorda un regard courroucé, celui qu'elle réservait à ses élèves qui poussaient un peu trop, n'écoutant pas et bavardant suffisamment fort pour couvrir le timbre doux, bas et mesuré de sa voix. « Je t'interdis de bouger d'ici. », fit-elle, faussement menaçante, fronçant délicatement les sourcils. Elle sembla finalement revenir à la réalité, s'étant un instant perdue dans les yeux de son vis-à-vis. Se ressaisissant, elle détourna finalement son regard, relâchant finalement son épaule tandis que sa main retournait triturer l'herbe, juste à côté du corps encore allongé de Newton. Elle leva finalement les yeux vers le ciel, voulant avant tout se donner une contenance alors que son cœur battait encore la chamade à l'idée de l'avoir touché ; désagréable impression d'être une adolescente confrontée à ses premiers amours. Et pourtant, en voulant avant tout occulter les battements effrénés de son palpitant, elle en venait à s'interroger de nouveau sur ce en-haut qui l'avait bannie. Enfant honnie du paradis. Vague de mélancolie. Mais Ephraïm était là, et elle aussi.
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| Sujet: Re: EPHRAËLLE † i don't care if heaven won't take me back Ven 26 Juil - 19:08 | |
| look for the girl with the broken smile, ask her if she wants to stay a while ▽ « Tu travailles trop. » Il hausse les épaules. Il aime ce qu'il fait et il aime comment il le fait. Toutefois, il est vrai qu'il ne s'octroie que trop rarement du repos. Toujours avec une idée en tête, une urgence à accomplir, un devoir à remplir. L'Institut a été fondé pour deux et, chaque jour de sa vie, Ephraïm remercie Milo Latimer pour sa dévotion, son amitié et son soutien sans limites. Mais en plus d'avoir été bâti pour deux, l'Institut a été bâti pour Ephraïm et Connor – et il faut avouer que Milo, quoique démon de la paresse repenti, n'est pas un fana de papiers administratifs. Il travaillait trop. « Il faut bien que quelqu'un le fasse. » se justifie-t-il en haussant les épaules. Elle s'était finalement allongée sur l'herbe et il tourna le visage vers elle, pour la regarder entre deux brins d'herbe avant de reporter son attention sur le ciel. Il ne voulait pas non plus la gêner. Définitivement, il ne pensait que pour son bien. Ne pas la déranger. Ne pas la gêner. Ne pas l'aimer. Il espérait ainsi vraiment bien faire. La pousser vers le ciel, qu'elle lui avait confié vouloir revoir au plus vite. Ils s'imaginaient des nuages, des anges ailés qui sautaient de l'un à l'autre, ils s'imaginaient des champs interminables, des harpes, des festins somptueux. Evidemment, il savait que ce Paradis que prêchaient tant les chrétiens ne ressemblaient pas à cela. Mais il se plaisait tout de même à y imaginer une Gwen heureuse, sourire aux lèvres et ailes dans le dos. C'était une vision idyllique et le barricadait dans ses propres émois, une énième raison pour se cacher derrière ses murs. Il n'avait pas fait un mouvement pour se redresser que la main de Gwen, telle une serre, s'abattit sur son épaule et le cloua au sol. Il tourna les yeux et la darda d'un air incompréhensif et surpris, sentant déjà une petite douleur lui engourdir l'épaule. Elle lui adressa un regard très professoral, encore sous les prunelles perdues de ce pauvre Ephraïm, jusqu'à ce qu'elle le menace : « Je t'interdis de bouger d'ici. » ce qui ne put que courber sa lippe d'un sourire. Voir Gwenaëlle faire mine d'être imposante et menaçante, réellement, ne pouvait que lui arracher un sourire. Elle était douce et bienveillante, gentille et souriante. Oh, évidemment, elle avait son énorme bagage de défauts, comme tout le monde. Mais, fondamentalement – du moins au yeux du télékinésiste –, Gwenaëlle était quelqu'un de bon et vraiment pas à vous fiche la trouille pour deux sous. Il prit tout de même un air craintif en marmonnant : « d'a-d'accord » d'un ton balbutiant et hésitant, avant de rire légèrement. Et de reprendre, de sa voix d'homme à l'accent prononcé : « Je ne bougerai pas d'ici, c'est une promesse. » d'un ton sincère et dépouillé de toute moquerie. Et si il en faisait la promesse, alors il ferait de son mieux pour la garder. Ses yeux se dardèrent à nouveau vers le ciel tandis que la main de l'ange déchue retombait dans l'herbe avec mollesse. Ephraïm était pris dans ses pensées, dans les noms des étoiles qui défilaient dans son esprit machinalement, dans le désagréable froid qui venait leur souffler dessus, dans le bruit que faisait les mèches d'herbe lorsque Gwen les arrachait. Finalement, il se redressa, s'asseyant simplement dans l'herbe. « Ne t'inquiète pas, je ne m'enfuis pas. » sourit-il en tournant la tête vers la jeune femme. Une autre brise le fit frissonner et il remarqua du coin de l'oeil que Gwenaëlle avait aussi tressailli. « Tu devrais arrêter d'arracher cette herbe, ça coute cher à entretenir. » lui dit-il d'un air malicieux tandis qu'il retirait lentement sa veste avant de la déposer sur son corps, à elle, comme une grande couverture. Il lui adressa un sourire plus large, plus franc et, sous son regard interrogatif, haussa à nouveau les épaules. « Tu vas attraper froid. » se justifia-t-il d'un ton détaché tandis que ses yeux dardaient l'horizon face à lui, la forêt qui s'érigeait au loin. Il avait imprimée sur la rétine l'image de sa petite Gwen, blottie sous sa veste, sous son odeur et, pour tout dire, ça lui plaisait vachement. Il se sentait idiot de penser cela, plutôt égoïste aussi. Mais que pouvait-il y faire ? Si il avait un contrôle parfait sur ses pensées – tout mais pas elle –, il ne pouvait retenir parfois les bouffées d'attirance qui lui montaient tout droit depuis le cœur, les bouffées d'affection et d'amour, un amour simple et sans complexité, nu et sincère. Presque candide. Oh, Ephraïm était déjà tombé amoureux. Il avait connu son lot de déceptions amoureuses et de réussites plus ou moins branlantes. Il avait aimé pendant une nuit, parfois pendant trois jours et parfois pendant des années. Des fois c'était passionnel, parfois juste léger, des fois sérieux et des fois non. Et pour la première fois, c'était juste pur, simple. Il la désirait mais peut-être pas assez, mal, de traviole. Elle revêtait une apparence d'ange si pur à ses yeux, une apparence de vertu et d'innocence si forte que, franchement, il aurait été gêné de l'avoir dans ses rêves ou ses rares fantasmes. Bon, ça ne l'empêchait pas de l'être mais... un énième coup de vent l'arracha à ses réflexions et il frissonna délicieusement en se rallongeant. Les yeux vrillés sur les étoiles, il essuyait les verres de ses lunettes sur sa chemise avec un air pensif, d'un geste lent et absorbé. « Raconte moi une histoire, Gwen. » murmura-t-il finalement. Il aimait les histoires, surtout les impossibles. Il aimait les histoires d'amour et les histoires de dragons où tout allait bien à la fin. Et les morales. Mais surtout, il aimait quand Gwen lui contait des contrées qu'il n'avait jamais vu, des sentiments qu'il n'avait jamais éprouvé et des histoires antiques dont il n'avait jamais entendu parler. Raconte moi l'histoire de comment le soleil aimât tant la lune qu'il mourut chaque soir pour la laisser vivre.1008 mots.; 50 points |
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