Tu étais certainement l'ange le moins vertueux des cieux et tu le savais. Tu n'as jamais su pourquoi tu avais été là, pourquoi tu étais au-dessus de tout mais tu aimais ça. Tu aimais avoir les mortels dans ta paume, tu aimais les influencer, tu aimais ce pouvoir. Tu leur donnais de l'espérance par ta présence. Tu as toujours eu un charisme de fou, Daniel, et tu en as toujours profité allègrement. Les gens te faisaient toujours confiance, voyaient toujours en toi une sorte de Messie. Même Gabrielle, ta douce Gabrielle. Tu l'aimais si fort que ça vous a détruit, tu l'aimais si fort que tu t'es détourné de ta tâche pour aller la conquérir... en vain. Alors même que tu allais sceller ses lèvres d'un baiser, de force, tu étais précipité sur Terre. Toi qui avais eu tant d'influence sur les Hommes, tu leurs tournais le dos... c'était un exemple pour les autres anges. Tu as atteri seul, dans le Queensland, à l'âge précoce de dix-sept ans, en tenue d'Adam. Tu as marché, marché, jusqu'à ce que tes muscles se délient, que tes pieds se cloquent, que la mort vienne te titiller... et tu es arrivé sur la ville. De là, tu as décidé de te venger. De te venger et de retourner Là-Haut pour contrarier encore plus tes supérieurs, Adam et Eve. Tu as décidé ça et, pourtant, tu as collaboré à la création de l'association All Together for Heaven. Tu es celui qui prêche. Les gens sont à tes lèvres, t'écoutent, tu leur faire miroiter un bel avenir resplendissant. Tu veux juste bien te faire voir, pour retourner là-haut et tous les exterminer. Pourquoi Dublin ? Parce que c'est un noeud surnaturel. Et c'est là aussi que ta Gabrielle se trouve, tu le sais. Tu es prêt à la faire payer. Tous les faire payer.

Il y a eu l'amour et le chagrin d'amour. Tout ça, de ta faute. Tu étais trop émotive, Hazel, tu le sais bien. Tu t'es trop mêlée aux hommes, tu en as récupéré leurs émotions, leurs passions, leurs sentiments. Tu es tombée amoureuse d'un homme, un vulgaire mortel. Et il t'a brisé le coeur. Il t'a brisé ton petit coeur tout mou en mille morceaux et tu ne t'en es jamais complètement remise. Tu as tourné le dos et à tous et à toutes et tu t'es arrachée les ailes, pensant que la chute te tuerait. Tu n'as jamais eu aussi tort. Chutée dans un corps de neuf ans, tu as atteri dans le jardin de monsieur Pollingslade, un gros homme de campagne, et de son fils, Léonard. Ils t'ont prise sous leur aile et tu as grandi avec l'autre gamin, Lenny. Celui-ci était fou. Tu le voyais bien. Il y avait quelque chose qui n'allait pas - alors tu as décidé de faire de ton mieux pour le guérir. Tu sembles persuadée que tout le monde peut changer, que tu faire changer le monde. Mais rien n'y faisait, Léonard t'aimait lui et il te voulait, toi, sa soeur de coeur. Mais Hazel, toi, trop juste, trop pieuse, trop droite, tu lui as tout refusé, pensant que ça lui montrerait la raison. Tu ne peux pas t'empêcher de faire tout empirer en voulant tout bien faire. A l'âge de dix-huit ans, tu t'es envolée en Europe. Tu avais peur. Peur de Lenny, peur de ton coeur qui battait dans ta poitrine, peur de se faire arracher pire que des ailes. Tu es partie et tu te penses en surêté, maintenant, tu penses avoir tourné la page. Mais regarde autour de toi, Hazel. Regarde en toi. C'est la page qu'on ne peut pas tourner. Le livre qu'on ne peut fermer. C'est ta vie, Hazel, et elle s'effondre de seconde en seconde sous tes yeux aveugles.

Ariel, Ariel. Tu donnais tout, sans y penser. Ton coeur, ton âme, ton tout. Tu aimais à la folie et tu haïssais tout pareil ; tu n'avais que des extrêmes, jamais de stabilité, jamais de juste milieu. C'était tout, ou rien. Mais un jour, tu as eu peur. Tu as peur de tout donner et qu'on ne te rende rien. Alors tu n'as pas tout donné. Tu as arrêté de te donner corps et âme, tu t'es toi-même restreinte pendant plusieurs années, plusieurs siècles. Et Adam et Ève n'ont pas apprécié, t'ont précipité de Là-Haut dans le corps d'une gamine de dix ans tout juste. Une mortelle. Une mortelle qui a vite découvert qu'elle était malade. Malade de quoi ? De tout. Du monde. D'un cancer qui la tuait petit à petit. On t'a vite dit que tu étais soignée mais c'était faux. Pour toi, tu savais qu'on te tourmentait, que tu avais pêché, que tu avais apporté cette maladie sur toi. Ta prétendue guérison a disparu et la maladie t'a rattrapée. Désormais, tu passes tes jours à l'hôpital ; la moitié dans ta chambre, l'autre avec l'ATH, afin de remonter Là-Haut trouver ta salvation, ta guérison. Mais Ariel, tu es tombée amoureuse et c'est là ton pire défaut. Tu n'oses pas te délivrer à cette homme ; mais tu sais que tu le dois, si tu veux ta propre Ascencion. Tu as tellement peur, Ariel. Peur de tout. D'être encore plus malade, d'être rejetée. Un ange de la générosité se doit d'être confiant et toi, tu es méfiante. Fille sous la tutelle de l'Etat, jeune femme brillante, angé des plus déchus, tu essaies de garder la tête hors de l'eau mais la mer envoie des vagues de plus en plus hautes.

Tu étais très heureux, Ezechiel. Un garçon plein de joie, plein de vie, plein de tout. Tu vivais avec tes deux parents, n'ayant pas d'autre famille, mais ça allait très bien comme ça. Ta mère attendait une petite soeur et tu n'as jamais été plus heureux que ces jours-ci, alors que l'innocence te définissait encore. C'était jusqu'à tes cinq ans. A tes huit ans, toi et ta famille avez pris la route pour aller fêter le mariage d'un ami mais vous avez eu un accident de voiture. Tout le monde est mort, sauf toi, resté dans le coma pendant cinq bonnes années avant de te réveiller la mémoire effacée. Tu oublies tout, Zeke, tout le temps. Toutes les vingt minutes, ta mémoire est remise à zéro. Tu es resté à l'hôpital depuis, sans savoir d'où tu viens, sans savoir où tu vas. Tu connais juste ton nom, ton prénom, ton âge. Et ça ne suffit pas. Un jour, tu as croisé la route de Ariel Greenwick et celle-ci t'a confié que tu pourrais être un ange, tombé du ciel, et que cette chute t'aurait arraché ta mémoire. C'est possible. Et tu y crois dur comme fer. Dans ta tête, Zeke, tu es un ange, un bel ange, un magnifique ange avec des magnifiques ailes et une famille qui t'attend, Là-Haut, en te souriant. Tu ne veux qu'une chose, aller au Paradis. Tu es persuadé que c'est là-bas que tu appartiens. Mais Zeke, mon pauvre petit Zeke, tu n'appartiens nulle part. Et pop!, tout ce que je viens de te dire, tu as déjà tout oublié. Heureusement que tu as tes petits carnets pour relire ton histoire (même si, à tes yeux, ça ne peut pas être la tienne). Un jour, tu t'oublieras toi-même.

Hansel est une tête brûlée. Un ange, d'accord, mais le genre qui ne respecte pas vraiment les règles, celui qui veut faire le bien à sa manière, et que les règles exaspèrent. Longtemps, on l'a cru nouveau Lucifer, aussi dangereux, à jouer sur la corde et à dévier du règlement d'Eden. Mais Hansel n'a qu'un but, c'est le bonheur des gens, et c'est probablement là toute la différence : la passion qui l'a dévorée et l'a poussé à perdre ses ailes, c'était l'amour. Pour Fauve, rencontrée lors d'une de ses descentes. Il s'est coupé les ailes pour elle, parce qu'il ne voulait qu'une chose, c'était vivre leur histoire au maximum. Commençant des études de médecine, orienté dans la neurochirurgie, il a longtemps tourné autour de Fauve avant que les deux enfin, officialisent leur relation. Désormais fiancés, Hans et Fauve filent le parfait amour. Filaient, disons. Confronté à la cruauté des mortels, à la complexité du monde ici-bas, Hansel voudrait rejoindre le ciel. Retourner à Eden et dans la simplicité la plus nue. C'est pourquoi il a rejoint le mouvement ATH, pour retrouver les nuages, retrouver sa famille. Seulement, Fauve est sa famille aussi, maintenant. Il s'est décidé à lui avouer ce qu'il était, avant qu'ils ne deviennent mari et femme. Elle ne l'a pas aussi bien pris qu'il l'espérait, elle demande du temps, lui ne veut pas la perdre. Il veut l'emmener au ciel.