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| THEONOR •• i hang up the paper moon. | |
| Auteur | Message |
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MESSAGES : 635 DATE D'INSCRIPTION : 06/08/2012 EMPLOI : fondateur de drop out. CAMP : le mauvais.
| Sujet: THEONOR •• i hang up the paper moon. Dim 14 Juil - 18:52 | |
| THEONOR
À peine vint heures, et déjà la ville mettait son manteau ombre-nuit. Les rues de Dublin ne perdaient pas de leur activité pour autant, et partout des groupes de gens s'entrecroisaient dans les grandes artères, et les plus petites ruelles, à peine vêtus tant l'air était chaud, tant la brise était calme. C'était l'été, une période touristique importante pour l'Irlande, et si les trois autres saisons étaient souvent annonciatrices de précipitations, l'été restait agréable – sans se montrer trop étouffant. Connor portait un short à l'imprimé militaire, comme la plupart de ses pantalons, et un tee-shirt d'un noir aussi sombre que l'obscurité nocturne. Il voulait pouvoir se fondre dans la masse sans problème. C'était aussi pour ça, les lunettes de soleil et la casquette, alors que le soleil s'était déjà couché, pas un quelconque caprice de touriste fatigué. Il déambulait, sûr de lui, évitant les masses de gens comme un poisson dans une rivière. Parfois, il lui arrivait de repenser à ce qui l'avait amené ici, à Grace et à cette nuit où Ephraïm et lui avaient finalement réglé leurs comptes. Ce soir, il partait à la chasse. Drop Out, son organisation, avait déjà une bonne couverture, et de nombreux membres, pourtant voulait-il encore faire partie de l'équipe de repérage. Il estimait qu'il en avait le devoir. Ses fidèles admiraient le côté terre-à-terre, proche du peuple, et la dévotion complète à sa cause. Finalement, aucun d'entre eux ne se demandait pourquoi, avec tout ce qu'il restait à faire, Connor préférait sortir dans les bars, flairer du surnaturel, plutôt que gérer les finances ou planifier les prochaines actions du mouvement. La réponse était simple : il voulait retrouver les assassins de Grace. Tous ses assassins. Ils étaient quatre, ce soir-là, et il n'avait pu en buter que deux. Le premier, il l'avait reconnu à sa voix, gueularde, et aux insultes qu'il proférait. Il lui avait collé une balle en plein cœur, là où sa peine à lui était concentrée. Le second, c'était par pur hasard, et il avait fallu qu'il le suive toute la journée pour avoir un moment, seul avec lui ; l'autre l'avait reconnu, mais il n'a eu le temps de rien faire. Connor lui a tranché la gorge.
C'est marrant, il ne se serait jamais pensé capable d'ôter la vie de quelqu'un, et c'était devenu alors si évident par la suite. Non pas qu'il ait été le bon petit samaritain, c'était le rôle d'Ephraïm, ça. Connor était impulsif, parfois très rancunier, grincheux et moqueur. Il n'avait pas la parfaite petite personnalité de son cadet, il était plein de défauts. Tuer quelqu'un, en revanche, ne lui avait jamais paru possible – il faut croire qu'il se trompait. L'homme, avec ou ans pouvoir, est vraiment capable de tout. Sur cette douce pensée, il arriva au Babylone. Le videur le connaissait, et le laissa passer sans problème ; après tout, il faisait marcher le business de stupéfiants de la boîte, et ça n'était pas rien. Il prit place au bar, commanda un double whisky, et scruta la salle. C'est fou, comme se libérer de son frère, l'avait initié aux joies de l'alcool. Avant, l'image de sa mère s'imposait de suite, et la culpabilité le rongeait, mais depuis qu'il avait fondé son mouvement, et été confronté aux dures réalités de la vie, il avait bien compris les bienfaits de l'alcool, à petite ou forte dose, d'ailleurs. Le scotch pur malt était l'un de ses favoris. Rapidement, il repéra une femme. Le genre, belle femme. Brune, élancée, quelque chose d'énigmatique dans le regard. Leurs regards se croisèrent, et elle s'approcha, féline dans la démarche, avant de s'asseoir à côté de Connor. « Je vous offre un verre ? » demanda-t-il, pas le moins du monde intimidé. Il était un coureur de jupons – et de caleçons – et tout le monde le savait, lui y compris, bien conscient de ses pulsions sexuelles. Ça ne le gênait pas, au contraire, il fallait bien s'ouvrir aux expériences et profiter de ce statut de pouvoir qu'il avait au sein de Drop Out. En dehors, c'était plus de challenge, que de draguer des étrangers, ceux qui ne le connaissaient pas. Il n'était pas homme à refuser un défi. « Je ne crois pas vous avoir déjà vu ici, pourtant j'y viens souvent. Première fois ? » Connor paraît réellement intéressé, ses yeux se font plus intenses et il se penche en avant, autant pour couvrir le bruit de la musique que pour instaurer un climat de confidence. Pas de sourire ni de contact, pas encore – peut-être jamais. Il préférait recevoir les ondes de la demoiselle en face de lui, avant de tenter quoique ce soit. S'il pouvait éviter une gifle .. « Je m'appelle Connor, Connor Newton. Et vous ? » Un étirement rapide des lèvres, charmeur mais pas trop. Cette étrangère avait un truc en plus – et de son expérience personnelle, truc en plus voulait souvent dire don mutant. D'une pierre, deux coups.
829 mots ; 25 points + 10 points d'ouverture du sujet.
Dernière édition par Connor H. Newton le Mar 16 Juil - 9:57, édité 1 fois |
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MESSAGES : 359 DATE D'INSCRIPTION : 27/02/2013 LOCALISATION : Dublin EMPLOI : Escort-girl de luxe CAMP : Neutre
| Sujet: Re: THEONOR •• i hang up the paper moon. Lun 15 Juil - 9:17 | |
| Le soir était finalement tombé sur Dublin, après une journée que Theodora aurait volontiers qualifiée de dramatiquement ennuyeuse et, surtout, des plus exaspérantes. Assise sur le rebord de la fenêtre de son grand appartement au cœur des quartiers chics, elle regardait le soleil déchoir du ciel et disparaître derrière l’horizon, inondant le ciel de couleurs toutes plus chaudes les unes que les autres qui se faisaient bien vite dévorer par le bleu velouté de la nuit galopante. Son fumeur à la main, délicatement coincé entre deux doigts fins, la jeune femme exhala un nuage de fumée blanche qui s’enroula autour de son visage et dansa devant ses yeux, avant de s’étioler jusqu’à disparaître tout à fait. Les yeux d’un bleu perçant de l’escort girl se tournèrent ensuite vers les rues en contrebas, mais plutôt que de fixer les gens qui se pressaient dehors, elle voyait défiler dans son esprit toutes les contrariétés du mois écoulé, et Dieu seul savait à quel point elles avaient été nombreuses. Rien de grave pour la plupart, mais une petite chose ajoutée à une autre, puis une autre, puis encore une autre, cela finissait par faire beaucoup, même pour elle qui avait pourtant fini par se construire une carapace et à s’endurcir ; et quelques malencontreux incidents avaient fini de la mettre sur les nerfs. Cela faisait maintenant sept jours qu’elle n’avait pas eu le moindre client ; sept jours qu’elle ne répondait aux messages et appels reçus que par la négative. Elle était de bien trop mauvaise humeur pour se permettre de prendre le risque d’être impudente et acerbe envers l’une de ses sources de revenu. Cela dit, elle pouvait largement se permettre de prendre une semaine de « vacances » : son compte en banque était d’ailleurs bien assez rempli pour lui permettre de vivre confortablement durant au moins une vingtaine d’années, mais il fallait avouer que, malgré la répulsion que lui inspiraient certains hommes achetant ses services, elle avait pris goût à ce métier ; pas par amour des plaisirs de la chair, non, puisque sur ce point, elle n’espérait pas grand’ chose des vieillards, lourdauds et autres vantards qui peinaient à se servir de ce qu’ils avaient entre les jambes. Non, ce qu’elle aimait, c’était le jeu, la manipulation, la danse qu’elle finissait, tôt ou tard, par mener d’une main de maître. La séduction est un art, et dans ce domaine elle excelle. Elle avait fini par apprendre les mécanismes, les astuces, les petits gestes qui faisaient tourner la tête à ceux sur lesquels elle jetait son dévolu. Tout cela la grisait et l’enivrait presque autant que de l’alcool pur. Cela dit, ce soir, elle avait envie d’autre chose. De jouer, certes, mais elle avait aussi envie de se faire plaisir. Pour une fois, elle n’avait pas envie d’être une prostituée, d’être payée à faire ce qu’elle savait faire le mieux. Elle avait envie d’un contact, de chaleur et de quelque chose qui la change un peu de l’ordinaire. Elle espérait qu’en sortant ce soir, elle serait un peu plus chanceuse que depuis quelques temps. Dépliant les jambes, la jeune femme se laisse doucement glisser jusqu’à ce que ses pieds touchent le sol. Alors, d’un pas vif, elle se dirige vers sa chambre et son armoire. Elle abandonne son peignoir encore humide de la longue douche chaude prise quelques heures auparavant et passe les trois quarts d’heure suivant à s’habiller et s’apprêter correctement pour sortir ; la simplicité et l’élégance furent de mise, puisqu’elle opta, en cette chaude soirée d’été, pour une courte robe noire qui dénudait son dos et ses bras ainsi que ses jambes à partir de mi-cuisse. Des chaussures tout aussi sombres couvraient ses pieds, et un trait de khôl autour de ses yeux faisaient ressortir ses iris taillés dans le saphir. Une fois satisfaite de son apparence, Theo ferma bien la porte de chez elle et s’en alla vers d’autres quartiers.
Habituée à écumer les bars, non pas pour boire mais pour observer et, souvent, faire affaire, elle connaissait les endroits où aller pour les rencontres d’une nuit. C’est donc tout naturellement qu’elle atterrit au Babylone. Assise au bar, elle s’accorda quelques instants pour se poser et observer son environnement, comme elle le faisait toujours. Elle regardait les visages, les allures, les boissons consommées, les vêtements ... Elle regardait les gens vivre et se dit que finalement, elle était bien là où elle était. Elle se voyait mal au beau milieu d’une bande d’amis riant ensemble à une mauvaise blague de l’un d’entre eux avant de partager leurs expériences, leurs joies, leurs malheurs. Ca, elle le gardait pour elle, et personne n’avait besoin d’en savoir quoique ce soit.
Cela faisait bien une demi-heure qu’elle était arrivée lorsque, en relevant la tête, elle croisa le regard de quelqu’un à l’autre bout du bar. Il était plutôt bel homme, l’air tout à fait à son aise, et un petit quelque chose de fortement magnétique se dégageait de lui. Theo décida de tenter sa chance – après tout, qu’avait-elle à perdre ? Et si elle devait essuyer un refus, elle s’en remettrait bien assez vite. Se levant de son siège, elle s’avança vers l’inconnu d’une démarche calme et souple avant de se rasseoir à côté de lui.
« Je vous offre un verre ? » demanda-t-il d’une voix chantante dont l’escort-girl apprécia le timbre chaud.
La jeune femme haussa très légèrement un sourcil et pencha doucement la tête sur le côté. Elle ne le regardait pas encore, attendant un peu avant d’établir à nouveau ce contact-là.
« Proposition très classique, mais néanmoins acceptée de bon cœur. »
Elle se décida enfin à tourner un peu la tête vers lui et croisa son regard, au moins aussi bleu que le sien. Très rapidement, elle détailla son visage, son attitude, la manière dont il était appuyé au bar et se tenait assis sur sa chaise. Il respirait l’assurance et le charme, ce qui failli arracher un très mince sourire à Theo.
« Je ne crois pas vous avoir déjà vu ici, pourtant j'y viens souvent. Première fois ? »
La demoiselle haussa doucement les épaules, se redressant tandis qu’elle croisait les jambes, les mains posées l’une sur l’autre sur le comptoir.
« Disons que c’est la première fois depuis longtemps. Alors, je me suis dit que quitte à sortir, autant s’échapper un peu des habitudes. »
C’était une demi-vérité, mais l’homme n’avait pas besoin d’en savoir plus. Après tout, elle savait très bien pourquoi elle était venue, et quelque chose lui disait qu’il était là pour la même raison. Peut-être était-ce à cause de ces yeux perçants qui la fixaient avec attention, ou le fait qu’il se soit rapproché, comme pour pouvoir se faire mieux entendre à travers le brouhaha de la musique et des voix. La jeune femme se rapprocha un peu à son tour, se montrant elle aussi intéressée par ce qu’il avait à lui dire. Ou en tout cas le feignait-elle admirablement bien.
« Je m'appelle Connor, Connor Newton. Et vous ? »
Un fin sourire étire le coin des lèvres de Theo, très léger mais présent.
« Atkins. Theodora Atkins. » répondit-elle de sa jolie voix à l’accent londonien si typique.
Redressant très légèrement les épaules, elle pencha doucement la tête sur le côté.
« Et il me semble ne pas vous avoir vu ailleurs qu’ici. Est-ce l’ambiance qui vous attire ou bien avez-vous une dette envers le patron qui vous oblige à ne venir qu’ici ? »
1 249 mots ; 50 points. |
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