Elle distribue des flyers contre la faim dans le monde, il est proche, elle l'interpelle. Elle est détendue, gentille, rigole de bon coeur. Il laisse son numéro, mal écrit de traviole, à côté de sa signature, laisse aussi de l'argent dans son sillage. Elle pense ne jamais le revoir, amusé par le specimen, rebutée par son handicap, sa cécité. Pourtant, le soir, un bon thé et un bon navet sur la télé ne lui suffisent pas. Alors elle l'appelle, il décroche rapidement, ils parlent. Le courant passe. Il est cultivé, elle aussi ; elle a un certain sens de l'humour, lui aussi ; ils se sentent seuls tous les deux. Le lendemain, ils se revoient. Le fait qu'il ne la voit pas, au final, n'y change rien. Ils parlent poésie, voyages, aventures. Ca fait deux mois que ça dure. Deux mois qu'ils sont amis, de vrais amis, de solides amis. Ils se charrient constamment, se chamaillent, se disputent, se réconcilient rapidement, impossible de les éloigner trop longtemps ces deux-là. Les deux meilleurs amis du monde, entravés dans leur attirance réciproque à cause de la liberté tant enviée de l'une et l'handicap de l'un... si seulement ils savaient qu'un seul baiser d'Amy sur ses paupières lui ferait recouvrir la vue. Mais non. Plutôt, ils se tournent autour, se déchirent, s'aiment, se moquent. Et c'est parfait ainsi.
Vraiment ?