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C'était un peu comme un défi qu'un petit moi un brin crâneur lance dans l'esprit de sa personne et attend de voir germer. Postée non loin du maître de conférence, à guetter son tour de pouvoir poser elle aussi une question, la studieuse Octavie replaçait nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille, comptant machinalement les précieuses secondes. Comme si, par miracle, une fois arrivée à 20, 36 ou 42, il n'y aurait plus personne d'autre qu'elle pour s'adresser au professeur.

Nerveuse ? Un peu. Elle n’était qu’une modeste petite étudiante intriguée par les propos d’un éminent spécialiste et, aussi, une jeune fille seule avec son passif génétique qui se nourrissait davantage d’interrogations que de réponses. Approcher un puits de science était à double tranchant, en réalité. Cela offrait la possibilité de comprendre sa nature ou, à tout le moins, d’effleurer une problématique plus profonde pour une demoiselle tiraillée entre l’envie de savoir pourquoi elle est telle qu’elle est et celle de déterminer si ce qui a emporté son frère est du même acabit.

Dans sa tête, elle formulait la question, encore et encore. Inlassablement. La génétique était pour ainsi dire son violon d’Ingres. Octavie s’était petit à petit orientée vers la carrière de laborantine spécialisée dans la conception de vaccins. Seulement, sa vie la guidait toujours inexorablement vers des sentiers sensiblement différents, tant et si bien qu’elle occupait son temps libre par de la lecture, des conférences, des cours supplémentaires traitant de la génétique. C’était une discipline d’appoint, d’une certaine façon. Une île curieuse sur laquelle elle se prenait à flotter dès que l’occasion s’y prêtait.

Lorsqu’elle releva le nez vers la « file » informe serpentant près de l’estrade, elle fut surprise de se retrouver quasiment seule dans le coin. Elle s’empressa alors d’interpeller poliment l’universitaire avant que celui-ci n’estime qu’il était temps pour lui de s’en aller de l’amphithéâtre. •• Votre conférence était vraiment passionnante, complimenta Octavie, sans une once de flagornerie. • Elle avait même plutôt honte d’une amorce pareille, au point que la vraie question qu’elle avait en tête se délita doucement. Se raccrochant aux branches, elle embraya avec le premier truc qui lui passa par la tête. •• Je voulais vous demander quel parcours vous conseilleriez à une étudiante désirant devenir généticienne ? Histoire d'avoir sur le CV un petit plus qu'un cursus classique n'offre pas toujours et aussi histoire de faire ses armes correctement avant d'être embauché, enchaîna la demoiselle avec aplomb. • Oui, booon, c'était lancé un peu comme ça ... Et c'était peut-être un peu ... gros. Mais Drop Out n'en avait pas encore fait une rigoureuse chef de laboratoire conjuguant l'être et le paraître avec une dextérité saulée.

Elle restait une demoiselle légèrement gauche avec une maîtrise de son don douteuse. Une jeune fille pleine d’idées et d’idéaux qui se cherchait encore et apprivoisait fébrilement les opportunités qui s’offraient à elle. De plus, elle songeait assez logiquement qu’elle n’était qu’un visage parmi tant d’autres et que le léger culot dont elle venait à l’instant de faire preuve se noierait dans une masse de souvenirs de conférences diverses et variées où elle ne serait plus qu’une vague silhouette. Il fallait être réaliste et humble ; être un numéro ne dérangeait pas spécialement Octavie. Ou bien avait-elle appris à oublier que n’avoir pas une place à elle joliment protégée l’encourageait à ne pas cultiver son estime d’elle-même comme il se devait.

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565 mots nickel ! 25 points + 10 points ouverture de sujet

Une conférence. Encore. Il lui fallait pallier au désistement de Connor, maintenant. Connor était le charisme fait homme, il avait une prestance et une présence certaines. Et lui, n'utilisait que des mots, balbutiants parfois, hésitants toujours. Pas aujourd'hui, ni hier, ni demain. Il ne pouvait plus se le permettre. Il se contentait de répondre à des questions, d'en poser d'autres et de proposer des réponses, organisant conférence sur conférence. Et un jour, il fut inviter à la DCU – l'université dublinoise – pour une conférence éminente sur la mutation. C'était sans doute la plus grosse qu'il n'ait jamais fait et heureusement la partageait-il avec des têtes de la génétique qui pouvait prendre le relai à tout moment. Malheureusement, Milo n'avait pas pu (surtout refusé en fait) venir et c'était à son tour de prendre la parole, pour clore la conférence. Il s'engagea dans un long discours sur la mutation, sur l'évolution de la norme, sur l'évolution des Hommes en général. Il parla d'équité, d'harmonie, dénigra les sentiments supérieurs qu'une mutation pouvait développer chez quelqu'un. Et enfin, il remercia l’assistance et se prépara à répondre à des questions. Pièges, gentilles, compatissantes, nerveuses. Ils voyaient parfaitement ceux qui se cherchaient, qui se pensaient ou se savaient mutants. Et ceux qui le dénigraient, qui le pensaient comme étant un monstre. Ca se lisait dans leurs regards, leurs attentes, leurs questions. Et finalement, les questions devinrent personnelles, ballet interminable de gens venus le féliciter, le menacer, le questionner. Il souriait, il répondait, serrait des mains, s'excusait en disant qu'il ne voulait pas utiliser son don aujourd'hui. Il se faisait l'impression d'être une bête de foire mais savait que c'était inévitable pour faire passer son message de paix et d'harmonie, pour révéler l'existence de l'Institut Newton, encore vacillant, au monde entier. Quelques badauds restaient dans l'immense salle mais aucun ne vint plus lui parler, si bien qu'il se relevait déjà en enfilant son manteau, après avoir serré la main de ses collègues. Jeune docteur en génétique et en biophysique, il avait quand même réussi à se faire un nom malgré ses jeunes années, grâce à son don, son nom et son esprit. Heureusement : il aurait bien besoin d'alliés dans un futur proche. Il était en train de ranger sa chaise lorsqu'un dernier étudiant se présenta à lui. Une jeune femme, yeux et mèches couleur chocolat, semblant hésitante. « Votre conférence était vraiment passionnante » Il ne put s'empêcher de sourire lentement, sincèrement quoiqu'avec fatigue, tendant machinalement la main vers elle. « Je crains que mes collègues l'aient été plus que moi mais c'est gentil à vous de le dire. Je m'appelle Ephraïm. » fit-il, les mots découlant de sa bouche avec naturel et une décontraction naturelle. Tout pour séduire. « Je voulais vous demander quel parcours vous conseilleriez à une étudiante désirant devenir généticienne ? Histoire d'avoir sur le CV un petit plus qu'un cursus classique n'offre pas toujours et aussi histoire de faire ses armes correctement avant d'être embauché » Il la dévisagea longuement, penchant naturellement la tête sur le côté avant de remonter ses lunettes sur son nez, l'air pensif. « Eh bien, je ne peux vous conseiller que le même parcours que le mien. Master, doctorat, soutenance de thèse, motivation. Ca demande du temps – un peu d'argent (il glissa vers elle un clin d'oeil en murmurant le mot comme en aparté) – et beaucoup de motivations mais c'est faisable. » Et puis il lui adressa un petit sourire amusé en se penchant légèrement en avant. « Un petit plus ? Rencontrez des mutants. Mélangez vous à eux, analysez leur sang, mettez les à l'épreuve, étudiez les. Faites des stages dans des laboratoires qui font des recherches sur eux et croyez-moi, on s'arrachera votre présence. » Il hocha doucement la tête. Il sortit de sa poche sa carte professionnelle avec, sur le recto, les informations le concernant ; et sur le verso, quelques généralités floues sur l'Institut Newton, numéro de téléphone et adresse e-mail. « N'hésitez pas à appeler à l'Institut, nous avons une infrastructure ainsi que des mutations passionnantes. » Son sourire s'élargit tandis qu'il lui tendait la carte. « Vous voulez vous informer d'autre chose ? » s'enquit-il gentiment.

700 mots.; 25 points